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Le système économique et financier islamique

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Une répartition juste de la richesse

La sagesse musulmane vise la circulation et la bonne répartition de la richesse parmi les humains et pas uniquement entre les seules mains des personnes riches et des nantis.

La concentration de la richesse entre quelques mains est une source de conflit et de problèmes au sein de la communauté humaine et contribue à creuser les inégalités au profit d'une classe sociale dominante non légitime.

La civilisation musulmane fut motrice dans l’histoire de l’humanité pour organiser les ressources économiques de la communauté en cherchant à établir la justice et l'équité.

Le système économique et financier islamique chercher à se conformer aux principes de la sagesse divine véritable, qui vise la justice, la compassion et le bien commun entre tous.

L’économie islamique est fondée sur un objectif de justice socio-économique.

Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice ﴿

Le fer, verset 25.

Cet idéal prend racine dans la croyance que les êtres humains sont les lieutenants du Dieu Unique. Ils sont frères entre eux et toutes les ressources à leur disposition leur ont été confiées par Lui en vue de leur utilisation de façon juste pour le bien être de tous, sans exception.

L’individu est considéré comme responsable et œuvrant pour le bien être social. L’Islam encourage le travail et le Coran incite les hommes à travailler en toute justice dans leur intérêt et dans celui de la communauté.

Qui satisfait l'ensemble des parties prenantes

L’islam a fixé les ressources et les dépenses de la politique budgétaire sur des principes de justice, d’égalité, de compassion et de conciliation entre intérêt général des citoyens et intérêts des responsables de l’État.

Le système financier Islamique est le plus indépendant et noble de la civilisation humaine.

Le butin que Dieu a octroyé à Son Prophète aux dépends des habitants des cités revient à Dieu, au Prophète, à ses proches, aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs démunis, afin que ce butin ne soit pas partagé entre les seuls riches parmi vous ﴿

L’exode, verset 7.

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Les finalités de la loi divine

Al-Raysuni indique qu’à la fin de la première période islamique, les jurisconsultes ont constaté qu'une rupture avait commencé à apparaitre entre les enseignements de l’islam et la réalité des pratiques quotidiennes des musulmans.

Le moyen le plus important, par lequel les chercheurs ont cherché à restaurer le contact intime entre musulmans et Islam, a été d’étudier ses objectifs, en identifiant les causes des décisions juridiques islamiques, les intentions et les buts sous-jacents de la loi divine, appelés Maqasid al-Shari’a. Ils ont ainsi clairement indiqué que toute décision légale dans l'islam a une fonction qu'elle accomplit, un but qu'elle réalise, une cause, qu'elle soit explicite ou implicite, et une intention. Tout cela dans le but d’assurer le bien-être du genre humain et le préserver des dommages et de la corruption.

"Les lois [divinement révélées] ont toutes été établies pour préserver les intérêts des êtres humains"

Al-Shatibi.

Al-Shatibi a soutenu que la législation sur l'islam a été révélée "sur la voie de la plus grande modération, et celle qui dirige un cours intermédiaire entre les deux extrêmes dans une mesure inébranlable."

Les jurisconsultes musulmans, tels qu’Al Ghazali ont ensuite convenu que les intérêts les plus vitaux à conserver sont la religion, la vie humaine, la faculté de la raison, la descendance et la richesse matérielle. Il existe également un consensus sur le fait que « tout ce qui contribue à la préservation de ces cinq éléments est souhaitable, et tout ce qui leur nuit est à chasser ». Ils s’accordent à dire que la loi divine a pour but de servir les intérêts pour tous les êtres humains et de les protéger contre le mal.

Les finalités de l'économie et de la finance islamique

L’économie conventionnelle ne permet d’intégrer le spirituel : l’économie de marché néglige les objectifs non matériels et a toujours considéré l’activité économique sous l’angle de la production ou de la consommation alors que l’économie islamique la considère du point de vue de la réalisation des objectifs de la loi divine en poursuivant un idéal de justice socio-économique.

L’économie islamique a pour fonction majeure d’aboutir au bien être humain par la réalisation des finalités de la loi divine.

C'est Lui qui a créé les jardins, treillagés et non treillagés; ainsi que les palmiers et la culture aux récoltes diverses; [de même que] l'olive et la grenade, d'espèces semblables et différentes. Mangez de leurs fruits, quand ils en produisent; et acquittez-en les droits le jour de la récolte. Et ne gaspillez point car Il n'aime pas les gaspilleurs ﴿

Les bestiaux, verset 141.

Le bien être humain ne dépend pas uniquement de la maximisation de la richesse et de la consommation. Il exige une satisfaction équilibrée des besoins tant matériels que spirituels de la personnalité humaine.

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L’économie islamique se distingue de l’économie conventionnelle par la vision différente des motivations des individus : elle considère que les individus peuvent avoir un comportement moral. Le comportement rationnel de l’homo islamicus se conçoit en la poursuite de son intérêt propre auquel s’ajoutent les contraintes liées à l’intérêt social.

Le comportement rationnel de l’homo islamicus ( cf. « Homo islamicus : la réinvention d’une économie et d’une finance islamiques » de Frédéric Coste) est confondu avec le comportement de l’homme influencé par Allah qui le voit et l’écoute.

Et Il est avec vous où que vous soyez. Et Allah observe parfaitement ce que vous faites. ﴿

Le fer, verset 4.

La culture islamique ne peut intégrer l’utopie d’un système de marché autonome qui suppose que l’homme n’agisse qu’en fonction de son intérêt individuel et de la possession de biens économiques.

L’économie islamique représente une troisième voie entre capitalisme et communisme. C’est une économie sociale de marché où l’intérêt de l’individu est subordonné à celui de la communauté et dans laquelle les valeurs de liberté, d’égalité sont équilibrées.

L’homo islamicus place donc son intérêt personnel dans une perspective de long terme dont le centre de gravité dépasse la vie terrestre : un homme ne pourra servir son intérêt individuel dans l’au-delà, qu’en remplissant ses obligations sociales et religieuses. Il ne pourra pas servir son intérêt par une utilisation égoïste des ressources terrestres et préfèrera verser des aumônes plutôt que de s’enrichir à l’aide de l’intérêt au détriment d’autrui.

La condamnation de l'enrichissement injuste

Dans l’islam, le Ribâ est l’un des actes les plus malsains à avoir été sévèrement prohibé. En effet, l’Islam vise à établir la justice et à éliminer l’exploitation dans les transactions commerciales, il prohibe toutes les sources d’enrichissement injustifié.

L’une des sources principales de gain injustifié n’est autre que le fait de recevoir n’importe quel avantage monétaire dans une transaction commerciale sans en donner la contre-valeur équitable.

La racine sémitique de Ribâ renvoie littéralement aux sens d’augmentation, d’addition, d’expansion ou de croissance. Dans la terminologie de la jurisprudence, le Ribâ est traduit par surplus, usure et intérêt. Il désigne tout profit perçu sans aucune contrepartie acceptable et légitime. Le profit est acceptable si et seulement s'il permet de compenser quelque chose de légitime, comme par exemples, , une prise de risques, la perte de valeur d’un bien engendrée par son usage, ou encore l’effort fourni pour sa production.

Le Ribâ constitue une source importante d’avantages injustifiés. Il est important que de rappeler que l’usure est interdite non seulement par les trois religions monothéistes et qu’elle a été reprouvée dans la Grèce Antique où il existe des traces d’un mépris pour toute forme de rémunération de l’argent prêté.

Selon Anas ibn Malik, le Prophète, a dit : “tromper un Mostarsal (un nouvel entrant sur le marché) est du Ribâ.”. Et d’après Tabarani : “Le Najish (la personne qui agit en tant qu’agent pour faire monter le prix dans une vente aux enchères) est un preneur maudit du Ribâ”.

Appliquée à l’économie et à la finance moderne, l’interdiction du Ribâ comprend aussi le fait de tirer avantage d’une asymétrie de l’information, et/ou d’une manipulation des cours du marché.

El Gamal écrit que ces interdictions permettent d’accroitre l’équité et l’efficience des marchés, grâce au mécanisme de valorisation au prix du marché, et peuvent améliorer l’efficience économique, en encourageant la coopération, et en réduisant l’asymétrie d’information.

Par ailleurs, l'analyse économique démontre un autre effet largement pervers des taux d'intérêts qui contribuent à l’inefficience du financement : les emprunteurs risqués, parmi lesquels figurent les défavorisés, se voient refuser l'accès au crédit, et les contraignent à se tourner vers les marchés informels.

Les fondements et l’essor de l’économie et de la finance islamique remettent sérieusement en question le modèle actuel de la dette et offrent des solutions concrètes qui permettent non seulement de l’enrayer mais aussi de réorienter le financement vers l’économie réelle pour finalement libérer l’emploi et la croissance.

La finance islamique moderne recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes à l’éthique musulmane, qui repose sur cinq piliers: l’interdiction de l’intérêt ; l’adossement exclusif à l’économie réelle et tangible ; l’exclusion de certains secteurs d’investissement jugés nocifs à la vie humaine tels que par exemple le tabac, l’alcool, la pornographie et les jeux d’argent ; la prohibition de la spéculation hasardeuse et de la réalisation d’investissements aléatoires et incertains ; et l’obligation de purification des revenus au travers de la Zakât.

Les États, entreprises et ménages surendettés du monde entier devraient savoir qu’au regard de la sagesse antique et des trois religions monothéistes, les prêts qu’ils ont contractés sont nuls et non avenus. Seul le capital prêté devrait être remboursé ; quant aux intérêts, ils devraient être purement et simplement annulés.

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